JE NE VEUX PLUS CACHER MES LARMES
MARC BARTHEL & EMMANUEL THIBAULT
Recueil de textes compilés, complétés et mis en forme par Emmanuel Thibault à partir du journal intime de Marc Barthel sur ses années de combat contre le sida, un projet coordonné par Jacky Ferjault et illustré des collages de Marc Barthel.
Un cri résonne dès les premières lignes de ce recueil : « Tous mes espoirs se sont brisés, tous mes avions se sont écrasés, tous mes souvenirs déchirés »… Que reste-t-il à l’artiste en sursis lorsqu’il n’a plus que son propre squelette à ronger, et que chaque mot prononcé le torture davantage ? Avec l’apparition du sida dans les années 80, c’est un poison nouveau qui infecte l’humanité : non seulement le virus, mais le traitement, et même l’amour sont devenus autant de venins qui mènent tous directement à l’ultime échéance. Où se cache l’espoir, si ce n’est dans la force de ce cri d’agonie ? Heureusement, les choses ont bien changé depuis ; mais ce sentiment persiste, même si les conditions de cette survie permettent enfin aux personnes concernées de faire semblant d’oublier un peu leur statut de contaminé.
Voici un recueil de textes en vers libres où se croisent d’abord Marc Barthel, malmené par le scandale de sa maladie, Jacky Ferjault, toujours attentif à la justesse du ton et, pourrait-on dire, excellent traducteur d’un message poignant dont Marc l’avait fait le dépositaire, et Emmanuel Thibault, tantôt au service de la prose de Marc, tantôt prenant davantage de liberté, réunis pour tenter d’exprimer l’indicible : quelques trop brèves années d’horreur et de souffrance pour se voir partir, alors que l’on explose de jeunesse et de créativité. Ce sont les mots de Marc Barthel, auxquels nous espérons avoir su donner une forme à la fois contemporaine et intemporelle.
ISBN: 978-82-999664-2-9
138 pages couleurs
15,24 cm - 22,46 cm
Softcover
Delirium 31
Delirium 17
Delirium 33
Atemporel 37
"Diagnostiqué séropositif en 1989, Marc Barthel ne survécut pas longtemps à cette annonce puisqu’il s’est éteint le 19 octobre 1991, quelque deux ans plus tard. Artiste présent sur les scènes émergentes françaises, il s’était attelé à la rédaction d’un journal, de textes poétiques et à la création de nombreuses œuvres graphiques.
Vingt-cinq ans plus tard, Jacky Ferjault et Emmanuel Thibault se sont attelés à la tâche monumentale de rendre justice à l’artiste en l’inscrivant au cœur d’un parcours initiatique où s’enchâssent non seulement les textes et les œuvres graphiques de celui-ci, mais également leurs siennes propres. Une vision troublante et brutale s’en dégage, symptomatique d’une période où l’espoir était souvent perçu comme délétère et sans appel. « Ce soir encore, je me déshabillerai en tremblant, / Je me convaincrai que je ne suis pas seul, / J’y croirai presque, je ferai semblant, / Je me mettrai à nu, du côté de mes rêves. / Alors viendra un homme, du velours dans le regard, / Du soleil dans le sourire, tout permis dans ses gestes. / Et mon corps se souviendra de sa gloire ternie / Et moi je saurai que tout n’est pas fini."
FUGUES, Benoit Migneault
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"Voilà donc « Je ne veux plus cacher mes larmes », un album de poésie d’une trempe bouleversante, sorti à titre posthume aux bons soins de Jacky Ferjault et Emmanuel Thibault des carnets de feu Marc Barthel, mort du sida en 1991. L’écriture y est ressentie comme un besoin impérieux, un exutoire capital. Tous les textes de ce recueil élaboré sur le vif disent les périodes où les hurlements d’une sensibilité déchirée cherchent à unir la vie et la mort. Ce sont des instantanés à peine retravaillés qui renferment la crue vérité d’un moment de lutte, d’un temps de questionnement, d’une étendue de vie, aux moyens de la chair, de l’intelligence et du cœur.
Marc Barthel nous y convoque, en d’éclatants chants de cygne, à ses rêves, ses faiblesses, ses doutes, ses vaillances, les détails de ses pensées quotidiennes, son destin tout court qui est essentiellement celui de nous tous. Artiste dans l’âme, même pris aux affres de la maladie, Marc a été jusqu’au bout du chemin à la quête du Beau. En cela notamment, ces poèmes sont loin d’être des marches funèbres. Ce sont ses ultimes victoires, des odes sincères à la vie, qui ont empêché la lampe de trop vite s’éteindre, le champ de devenir stérile. Dans ce livre, le verbe et la chair s’arrachent l’un à l’autre. Car le corps meurtri n’a plus de langage, il ne peut que crier, que s’auto-détruire. Il n’a pas prise sur les mots comme autant de baumes qu’on lui tend, le code de ses gestes connus étant perdu. Mais se forge sur les débris de la fracture du corps une langue nouvelle où le mot « mort » ne veut plus dire « fin »….
Merci à Jacky Ferjault et Emmanuel Thibault, fins passeurs de cette étoile dans nos mémoires. "
Karim Deya, Abidjan, Côte d'Ivoire
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